HERBICIDES ET ENVIRONNEMENT Site entretenu par Pierre Lachance, agronome |
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Comment produire du maïs sans engrais chimique? par Roger Rivest, agronome Le maïs est une plante très exigeante en éléments nutritifs. Cependant, cest une plante qui est assez efficace pour utiliser les diverses sources déléments fertilisants. Cest la plante la plus performante pour transformer lénergie solaire en produit utile, si lon maintient un minimum déléments pour assurer son bon fonctionnement.Dans la production sans intrant, pour nourrir la plante, on dispose de deux sources: les réserves du sol et les apports sous formes organiques. Condition du sol Un élément primordial pour lutilisation maximale de ces sources est la condition du sol pour les deux raisons suivantes :
On peut inclure la température du sol au printemps aussi comme facteur agissant sur les deux points, soit la croissance des racines et la libération des éléments au printemps. Le début de la croissance est autour de 10o C mais la croissance est plus normale autour de 15o C. Disponibilité des éléments Le potassium :Le potassium sous nos conditions est rarement limitant pour la culture du maïs. Les seuls cas de carence que lon rencontre, le sont sur des sols très compacts ou dans des champs où les racines ont été brûlées par un herbicide ou mangées par des insectes (chrysomèle des racines). Le phosphore : Le phosphore (Mehlich) est un bon indicateur de la capacité du sol à fournir du phosphore au maïs. Plus lanalyse de phosphore (Mehlich) augmente, plus le phosphore soluble à leau augmente. Des sols qui ont des teneurs en phosphore soluble autour de 5 à 6 ppm, peuvent produire du maïs sans phosphore dans le démarreur sans problème. On peut également utiliser la saturation en phosphore comme indicateur de la disponibilité entre 15 et 20% dépendant des types de sol. Si on analyse le comportement des sols du point de vue disponibilité du phosphore, vous remarquerez en consultant le tableau suivant que la teneur en phosphore Mehlich pour obtenir 5 à 6 ppm varie dun sol à lautre.
Dans les sols riches en phosphore et en potassium, leffet démarreur est principalement dû à lazote. Dans des suivis, jai observé que leffet démarreur dû à lazote disparaissait lorsque le sol au printemps était entre 7 et 10 ppm de nitrate. Cela indique que le sol se réchauffe et que les racines vont pouvoir trouver de lazote en se développant. Lazote placé au planteur est très efficace. Souvent dans les études, on se demande si la différence entre les rendements est due à leffet démarreur ou à la quantité totale dazote. Où trouver de lazote ? Lazote est la plupart du temps le principal facteur limitant dans la production de maïs-grain. Un hectare de maïs doit trouver entre 220 et 284 kg/ha dazote, quelque soit sa provenance pour exprimer son plein potentiel. Cest ce que lon trouve dans une récolte de maïs-ensilage. Le grain prélève seulement entre 100 et 150 kg de N/ha dépendant des rendements. Sans lutilisation des engrais chimiques on dispose de trois sources : l'azote du sol, celui du précédent cultural et celui du fumier. Lazote du sol : Dans le sol, on dispose dune réserve dazote organique qui représente entre 3 000 et 12 000 kg/ha dazote. Cette teneur en azote est fonction de la teneur en matière organique. On peut figurer que la matière organique contient environ 5% dazote. Ensuite, on peut calculer un taux de minéralisation de 3% dans les sols sableux, de 2% dans les loams et les argiles bien structurées et 1% dans les argiles compactes. Si on utilise ces coefficients de minéralisation et les taux dazote pour chacun des sols, on peut obtenir des quantités dazote variant entre 20 et 170 kg/ha. Des études montrent que 50% de lazote qui se retrouve dans les plants de maïs proviennent du sol. Toutefois, cette quantité dazote est difficile à prévoir. Certains sols ont peu dazote mais minéralisent bien (loam sableux) alors que dautres sont bien garnis mais minéralisent peu (argile). Souvent lorsquil faut ajouter davantage dazote, cest parce que le sol en fournit moins.
L'azote du précédent cultural Le précédent cultural a un certain rôle dans le besoin en azote. Le sol qui est constamment sollicité pour fournir de lazote, finit par épuiser ses formes facilement disponibles et nécessite davantage des apports dazote facilement assimilable. Lorsquon a fait des essais sur la fertilisation en azote dans les années 1993 à 1995, on gardait des témoins pour mesurer la réponse à lazote, cela nous a permis de voir le potentiel de certains précédents. Le pourcentage de suffisance est la proportion du rendement possible sans lutilisation de lazote de lengrais.
Dans certains de ces sols, laugmentation de rendement ne justifie pas lajout dazote supplémentaire. Sur ces sols, les rendements obtenus avec les témoins nous permettent de calculer quils ont fourni plus de 200 kg/ha dazote. L'azote des fumiers : Dans lutilisation du fumier, il faut surveiller le ratio NH3/N total. Plus ce ratio est haut, plus le fumier travaille rapidement. Sil est mis trop tôt à lautomne, les pertes sont grandes par lessivage, car il peut facilement être converti en nitrate. Les fumiers avec plus de forme ammoniacale doivent être enfouis pour réduire les pertes par volatilisation. Le C/N est aussi un indicateur du % de disponibilité. Les fumiers avec des C/N élevés doivent de préférence être mis lautomne, sinon lazote arrive trop peu et trop tard.
Stratégie de fertilisation : Il faut avoir deux objectifs : faire produire à notre sol un minimum de nitrate au début de la saison et en avoir suffisamment jusquà la fin daoût. Pour avoir des nitrates tôt au printemps pour le maïs, il faut :
Pour avoir suffisamment dazote pour la saison, il faut la calculer avec des normes reconnues et éprouvées. Lisier de porc :
Stratégie 1 :
Stratégie 2 :
Fumier de poulet cas 1
cas 2
Fumier de vache cas 1
cas 2
cas 3
Conclusion Pour réussir, il faut un sol en ordre pour permettre aux racines daller chercher le maximum des éléments du sol. On peut les aider en buttant le maïs lors des sarclages afin que les racines bénéficient dun sol aéré et qui absorbe bien leau lorsquil pleut. De plus, en bittant, on concentre les éléments apportés par le fumier près des plants. En calculant lazote, suivant des méthodes qui ont fait leurs preuves, on minimise les risques de manquer dazote en fin de saison. Il faut se rappeler que combler les besoins en azote dans le maïs avec du fumier entraîne des excès de phosphore et de potassium. Mais en produisant en rotation sans engrais, on peut faire des bilans de phosphore sur deux ou trois ans qui balancent bien et qui minimisent les risques pour lenvironnement.
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