HERBICIDES ET ENVIRONNEMENT Site entretenu par Pierre Lachance, agronome |
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LES HERBICIDES DANS L'ENVIRONNEMENT QUÉBÉCOIS Isabelle Giroux, ingénieure et Richard
Desrosiers, agronome En raison des superficies importantes quelle occupe, la culture du maïs utilise la plus grande proportion des pesticides commercialisés au Québec. Aujourdhui, le maïs est de plus en plus cultivé en rotation avc le soya. Les pesticides utilisés dans ces cultures sont surtout des herbicides. Quoique latrazine ait connu une légère baisse, le plus récent bilan des ventes de pesticides au Québec (1996) montre que latrazine et le métolachlore sont encore les produits les plus utilisés dans le maïs. On note aussi une hausse des quantités utilisées pour le glyphosate, le bentazone, le diméthénamide, limazéthapyr , le nicosulfuron et le rimsulfuron. Depuis 1992, le ministère de lEnvironnement poursuit un programme déchantillonnage pour vérifier la présence de pesticides dans leau des rivières des régions agricoles où le maïs occupe des superficies importantes. Le programme a montré la présence de pesticides, en particulier des herbicides liés à la culture du maïs, dans toutes les rivières échantillonnées jusquà maintenant, soit au total une vingtaine de rivières. Quatre de ces rivières ont été retenues pour suivre lévolution à long terme de la contamination par les pesticides dans les zones à maïs. Ce sont les rivières Chibouet (bassin de la rivière Yamaska), des Hurons (bassin de la rivière Richelieu), Saint-Régis (tributaire du Saint-Laurent) et Saint-Zéphirin (bassin de la rivière Nicolet). Les principaux constats de ce programme de surveillance sont les suivants :
Les effets des pesticides sur les espèces aquatiques Lécosystème de nos rivières se compose dune multitude dorganismes : végétaux aquatiques et semi aquatiques , insectes, crustacés et mollusques deau douce, amphibiens, poissons. La seule présence de vie dans un cours deau ne signifie pas nécessairement que lécosystème soit en bonne santé. De nombreux cours deau agricoles ne montrent plus aujourdhui la diversité biologique caractéristique des milieux sains mais ne compte plus, au contraire, que quelques espèces tolérantes à la pollution. Même les espèces capables de résister à la pollution peuvent éprouver des difficultés à croître, à se déplacer, à se reproduire, etc. À lexception de latrazine et de quelques autres produits, la documentation scientifique est plutôt rare sur les effets des herbicides et autres pesticides aux concentrations détectées dans nos rivières. Pour latrazine, les teneurs mesurées pourraient causer une réduction de croissance des algues vertes, linhibition partielle de la photosynthèse du phytoplancton et de certaines espèces de macrophytes (algues supérieures enracinées au lit de la rivière), réduction de la production doxygène dans leau et de la respiration des communautés aquatiques. De plus la présence simultanée de plusieurs pesticides dans leau, en nombre dailleurs croissant, est préoccupante à cause de la possibilité que ces produits aient des effets conjugués sur les espèces aquatiques. De surcroît, des découvertes récentes montrent que certaines substances, incluant des herbicides, des insecticides et des fongicides, ont des effets estrogéniques, cest-à-dire quils peuvent compromettre le fonctionnement des systèmes endocrinien, reproducteur, nerveux et immunitaire. Par ailleurs les chercheurs sintéressent de plus en plus aux effets subtils de faibles doses de substances toxiques sur les espèces aquatiques. La baisse des populations damphibiens dans le monde est un fait établi. Ce déclin est également observé ici au Québec. Les pesticides employés en agriculture sont parmi les substances soupçonnées de jouer un rôle dans ce déclin. Certains chercheurs croient que les pesticides pourraient interférer dans les étapes de développements des membres (pattes) causant des malformations qui compromettraient la survie des individus. Les pesticides sont également parmi les substances soupconnées dintervenir dans le déclin du chevalier cuivré. Autrefois plus largement répandu, dans le Québec méridional, ce poisson na plus maintenant que deux frayères connues (toutes deux situées dans la rivière Richelieu) où il éprouve même des difficultés à se reproduire. Ce qui fait que cette espèce, unique au Québec, est maintenant menacée dextinction. En plus des pesticides, la présence dautres polluants agricoles, la destruction des habitats ainsi que labsence ou la détérioration de la végétation riveraine contribuent aussi à la dégradation des écosystèmes aquatiques en milieu agricole. Comment réduire les résidus dherbicides dans les eaux de surface? Plusieurs facteurs déterminent limportance des pertes dherbicides des champs vers les eaux de surface. Les principaux facteurs sont les quantités utilisées à lhectare, limportance et lintensité des événements de pluie qui surviennent après lapplication des herbicides aux champs et le délai entre lapplication et la pluie. Une pluie de forte intensité qui génère du ruissellement de surface, et qui survient immédiatement après lapplication ou dans les deux semaines suivants lapplication, peut constituer jusquà 80 % des pertes totales qui surviennent au cours de la saison. Ainsi, pour réduire la contamination des cours deau par les pesticides, il faut :
Pour atteindre ces objectifs, des pratiques agricoles existent et sont déjà mises en application par certains producteurs agricoles. Par leur propre expérience, des producteurs de maïs québécois ont déjà montré que la production de maïs sans avoir recours aux herbicides était chose possible au Québec. Le sarclage mécanique, lapplication dherbicides en bandes plutôt que sur la surface totale des champs et lutilisation de doses réduites dherbicides sont parmi les techniques qui peuvent réduire les quantités dherbicides utilisés. Les techniques de travail réduit du sol (telles que lutilisation du chisel, le billon ou le semis direct) retiennent les eaux de ruissellement. Elles permettent donc de réduire le transport des pesticides par ruissellement vers les cours deau. Une adoption plus grande de ces pratiques par les producteurs contribuerait à améliorer la qualité de leau. Retour au haut de la page
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