HERBICIDES ET ENVIRONNEMENT

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Que faire après une forte infestation de moisissure blanche dans le haricot ou le soya?

Par Pierre Lachance, agronome, MAPAQ, Roger Rivest, agronome, MAPAQ, François Charbonneau, agronome, PRISME

Certains champs de haricot et de soya sont parfois sévèrement affectés par la moisissure blanche, au point de compromettre la récolte. Quelle stratégie devez-vous adopter pour limiter les dégâts dans ces mêmes champs pour les années à venir ?

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La moisissure blanche ou pourriture sclérotique

Le symptôme le plus connu est le dessèchement soudain de plants isolés ou regroupés en îlots dans le champ. Exceptionnellement, nous avons observés des champs où 80% des plants étaient infectés. De près, on observe une mousse blanche consistante sur la partie inférieure des tiges puis des grains noirs et durs (sclérotes) sur et dans les tiges. Ces symptômes s’observent aussi sur les fleurs et les gousses. Il ne faut pas confondre avec le blanc qui forme des taches d’un blanc poudreux à la surface des feuilles et qui n’a pas de conséquences aussi durables.

Les sclérotes

C’est sous forme de sclérotes que le champignon passe l’hiver. L’année suivante, si les conditions sont suffisamment humides, le sclérote produit une fructification qui réinfecte la nouvelle culture et le cycle recommence. Ce sont surtout les sclérotes superficielles, enfouies à moins de 3 centimètres dans le sol qui fructifient. Celles qui sont plus profondes tombent en dormance et peuvent se conserver, certaines jusqu’à 20 ans, en attendant qu’un travail du sol les ramène plus près de la surface.

Enfouir ou ne pas enfouir ?

Pour qu’il y ait, l’année suivante, une infection grave dans le même champ, il faut une saison humide avant et pendant la période de la floraison et beaucoup de sclérotes en surface. Si la saison est très sèche, il n'y aura pas beaucoup de dommages. Deux stratégies sont présentées par les spécialistes pour limiter les dégâts.

La stratégie du labour profond

Traditionnellement les phytopathologistes recommandent un labour profond suite à une infection sévère de moisissure blanche. De cette façon, il n’y a pas beaucoup de sclérotes en surface l’année suivante. Par contre, à chaque labour on ramène de nouvelles sclérotes en surface et, dès qu’une saison favorable se présente, la moisissure blanche prend le dessus. Il faudrait donc éviter tout travail du sol en profondeur pour les trois années subséquentes et cultiver des plantes non susceptibles (céréales ou maïs).

La stratégie des résidus en surface

Une autre école de pensée veut qu’on laisse les sclérotes sécher et geler en surface. On laisse le champ, sans travail du sol, tout l’hiver, pour que les sclérotes subissent les gels et dégels qui diminueront leur viabilité. Au printemps, sans labourer, on sème une culture non susceptible comme les céréales ou le maïs. La culture par son couvert végétal dense garde assez d’humidité pour forcer les sclérotes à fructifier et à s’épuiser faute de plante susceptible. La moisissure blanche se déplace très peu par le vent. Trois ans sans culture susceptible devraient permettre de réduire suffisamment le nombre de sclérotes viables. Pour revenir en soya ou en haricot à la quatrième année, on peut effectuer un labour profond et enfouir les dernières sclérotes qui auraient survécu.

Les cultures susceptibles

La moisissure blanche ne s'attaque pas seulement au soya et au haricot, elle survit sur un très grand nombre de plantes. Pratiquement toutes les productions maraîchères (tomate, piment...) sont susceptibles. Le tournesol est susceptible. Les légumineuses (luzerne) le sont aussi. Les crucifères comme le canola et les moutardes sont répertoriés comme plantes susceptibles. Le maïs et les petites céréales ne sont pas susceptibles et constituent des cultures de rotation à prévilégier.

Examinez votre semence

Une semence mal criblée peut contenir des sclérotes en nombre suffisant pour causer des problèmes. Si vous trouvez des grains noirs, de forme et de grosseur variées, dans vos sacs de semence, n'hésitez pas à rappeler votre fournisseur, conservez l'étiquette et un échantillon pour fins d'identification. Il serait dommage d'infester un champ jusque là exempt de moisissure blanche.

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